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SUR MON CHEMIN

Ce sont les mêmes qui envoient dans les journaux de leur département des dépêches où on leur attribue le portefeuille des travaux publics. Ce sont encore eux que l’on rencontre, à l’heure aiguë de la crise, devant, ou derrière, ou à côté du domicile de celui qui est chargé d’y mettre un terme. Ils ont l’air d’en sortir ou d’y aller. Mais surtout, ils ont l’air « d’en être ». Il en est un qui, à la connaissance de nous tous, n’a pu s’arracher que difficilement aux trottoirs de la rue Mazagran, lors du dernier ministère Brisson. Mais ces gens-là savent ce qu’ils font ; leurs noms se glissent dans les listes qui circulent et leur obstination et leur adresse aboutissent, quelquefois, à ce qu’après avoir eu l’air d’en être, ils en sont pour tout de bon.

Il ne faut jamais désespérer de rien, et c’est bien l’avis de notre homme de la rue de Mazagran, auquel il advint encore la merveilleuse aventure que voici. Je le lâcherai après.

C’était lors de la dernière élection du président du Sénat. M. Loubet venait de passer à l’Élysée. Qui donc allait le remplacer ? MM. Peytral ou Fallières ? Notre aspirant ministre était, à ce moment, dans son département. Il ne pouvait le quitter. Il envoie son fils au Sénat, avec ses instructions. Le fils, encore un gamin, se voit refuser l’entrée des tribunes. Il prie. Il supplie. Peine perdue. On lui demande les raisons de son insistance. On le pousse. Et alors il raconte : « Que papa l’avait chargé de lui expédier immé-