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LE REPORTAGE « D’HONNEUR »

Tout le monde les connaît. Dans le genre comique, je veux me rappeler la vision inoubliable de M. Delcassé faisant du trapèze dans une « pause ». Ses témoins durent aller le décrocher pour que l’on continuât la partie. Il aimait ainsi à charmer, par des plaisirs champêtres, les minutes qui séparaient les reprises.

Quant à la Tour-de-Villebon, c’est le paradis pour les reporters du duel. On entre dans cette tour comme dans un moulin. On l’a bien vu, lors du duel Casella-Thomeguex, où nous fûmes trois cents. Sur les pelouses, la maison avait disposé des tables, des guéridons, des chaises : un café en plein air. Chacun fit apporter des bocks. Ce café était séparé par l’allée du milieu, l’arène où avait lieu le combat. C’était bien mieux qu’au duel Pini, où il y avait cependant un cinématographe. On consomma beaucoup, car il y eut de grandes discussions autour des blessures. Enfin, tout se passa très bien et tout le monde s’en alla content. Les trois cents gend’honneur remontèrent dans leurs voitures, et il y en avait !… Ah ! cette dégringolade de fiacres dans Meudon ! Toute la ville était aux fenêtres. Les femmes agitaient leurs mouchoirs. Les chiens aboyaient.

Si le reportage d’honneur a de fichus quarts d’heure, il a aussi de bons moments.