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LE REPORTAGE « D’HONNEUR »


« L’affaire d’honneur » est une chose terrible et encombrante. Elle est terrible, car elle exige du sang, de grands coups d’épée ou de sabre ou de pistolet ; mais elle est encombrante surtout. Une affaire d’honneur, ça tient de la place. D’abord dans les journaux. Quand un honneur a été blessé, il est bien rare que la blessure ne fasse point le tour de la presse.

Ce n’est point ordinairement sa faute. La blessure souffre en silence, dans l’attente du baume divin, promis par des médecins spécialistes, appelés témoins, et qui est : le sang de l’adversaire. Mais il est des gens qui l’ont vue, cette blessure, et qui se mettent à en parler à tort et à travers. Ils racontent comment elle est faite, ils précisent si elle est à l’amour-propre, au cœur ou dans le dos. Certains ne se gênent point pour affirmer que l’honneur est bien malade. Et voilà les médecins spécialistes dans la nécessité de publier les bulletins de santé de l’honneur. Comme tous les