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PLAISIRS DE CARÊME

n’est-ce pas ? Une jeune fille a toujours le droit de rougir devant sa mère.

Je disais donc que l’auteur était habile. Mais, tout en constatant qu’il a été à la hauteur d’une tâche aussi difficile, je ne puis que m’étonner quand il met aux prises de vraies marquises avec un cocher poli et qu’elles en marquent de l’étonnement. Un cocher poli ! qu’est-ce que ça peut leur faire ? Ces dames ne prennent point de fiacres. C’est la seule critique que je me permettrai.

Les costumes dans cette revue ? Un rêve… Je voudrais bien vous décrire le costume de la commère, Mme Cuénod-Eynard, qui a stupéfié tout le monde par la retenue de sa désinvolture et la bienséance de sa gaieté, une gaieté digne d’amuser le Boulevard sans choquer le Faubourg. Mais, ouais ! je n’y pourrais point arriver. Cela n’est ni jupe ni jupon et c’est l’un et l’autre. La jupe est peut-être un peu courte, et le jupon un peu long. Cela découvre la cheville et plus que la cheville et moins que le mollet ; cela montre sans montrer, et les danses que les petites jambes gantées de rouge dansent dans cette jupe qui est peut-être un jupon, et dans ce jupon qui est peut-être une jupe, sont une sorte d’embryon de chahut tout à fait délicieux et qu’on ne peut voir à Paris qu’en temps de carême.

C’est comme Mile de Fleurigny, qui fait la « jupe collante ». Elle a une jupe qui colle sans coller. Mlle de Fleurigny est charmante ; elle imite Sarah Bernhardt. Je n’oublierai jamais les Wat-