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SUR MON CHEMIN

qu’on lui pardonne d’avoir cédé à un Bodevin aussi gratuit.

Bodevin avait déjà été recalé, au mois de juillet, pour le brevet de capacité en droit, toujours à cause de sa timidité. Il avait beau travailler comme un nègre, il pâlissait à l’idée de se retrouver devant ses juges.

Maire le rassura vite. Il était calé, lui ! Et il la connaissait. Et rien ne l’épatait. Il les avait passés, lui, ses examens, devant la Faculté de Bordeaux ! Et ça n’avait pas traîné. Il avait même écrit un livre sur « les assurances ». Vous jugez s’il devait être embarrassé d’un brevet de capacité en droit. Il n’en ferait qu’une bouchée. Affaire conclue.

Novembre arrive… et la date fatale : le 28. Bodevin suivant Maire, et Maire heureux du bonheur de Bodevin, se dirigent vers l’École de droit. Bodevin ne lâchait pas Maire. Il voulait assister à son examen. C’était bien le moins, pour qu’il put s’en vanter plus tard.

J’entre avec eux sous le porche de l’école. Avec Maire, je signe la feuille et je passe la robe noire, et je dis à Bodevin de me nouer mon rabat. C’est Bodevin qui donne les quarante sous de location. Il donne même cent sous, Bodevin, tellement il est sûr d’être reçu ! On se promène dans les galeries ou dans la cour en attendant l’appel. J’ai fait cette promenade-là, vêtu de l’uniforme. De temps à autre, des robes rouges passaient, des silhouettes rapides de professeurs, que l’on se