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SUR MON CHEMIN

de sûreté ni de grâce, on ne bretonnise pas davantage, et ils ont là un bon métier quand ils voudront.

Mais tout ceci n’est point un clou du spectacle. C’est la Revue qu’il nous faut. Une petite revue avec des petites femmes. Ces petites femmes, ce sont des grandes dames. Et je vous prie de croire qu’il ne se trouva jamais petites femmes plus charmantes, ni qui furent plus adorablement hébétés, en venant dire de petits gros mots, devant le trou du souffleur. On voyait bien qu’elles n’avaient pas encore l’habitude. Elles s’y mettront. Et puis, ces gros mots-là, c’est presque convenable, et l’auteur de la revue, qui est M. Victor de Cottens, avait su les choisir. Je crois que le plus gros mot est « fourneau. » Ça peut se dire, même pendant la semaine sainte.

L’auteur de la revue est tout à fait un habile homme, et son œuvre pourrait être représentée dans un pensionnat de jeunes filles, de jeunes filles du monde, bien entendu. Les autres ne comprendraient pas. M. Victor de Cottens a la main légère, et ses hardiesses ont la mesure exacte qu’il faut. Il met un point au bout de sa phrase, tout uniment, n’y ajoutant ni l’exclamation ni la suspension qui seraient de trop. Libre à nous de nous exclamer intérieurement. Mais nul n’en sait rien, et les jeunes filles ne se trouvent point dans la cruelle nécessité de rougir. Et puis, ma fois, si elles rougissent, tant pis ; ce sont leurs mères qui sont sur la scène,