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SUR MON CHEMIN

En dehors des membres de la presse qui formaient groupe sur le quai central, on ne remarquait qu’un « monsieur Turc », un Turc à turban et à lunettes bleues, un Turc à culottes rouges qui fit sensation cinq minutes, au bout desquelles les gendarmes vinrent le prier de porter ailleurs la note exotique de son costume.

À cinq heures cinquante-trois, le train présidentiel entre en gare en faisant beaucoup de bruit et stoppe. Il dépasse le tapis rouge et le chef de gare fait signe au mécanicien d’avoir à revenir sur les pas de la machine. Mais celle-ci est déjà détachée, il faut procéder à une nouvelle manœuvre. Enfin tout rentre dans l’ordre et les valets de pied de M. le président de la République, au nombre de deux, tout en noir et en culottes courtes, se placent à la rampe de l’escalier.

Ou attend. On n’attend pas longtemps. À cinq heures cinquante-huit, le train de la reine, au petit trot, arrive. Il n’est pas plutôt arrêté que deux Écossais de service, en tenue nationale : jupe courte à carreaux, plaid sur l’épaule, mollets nus, sautent sur le quai et rabattent le marchepied. Aux fenêtres du compartiment voisin apparaissent deux Indiens superbes, la poitrine quadrillée de chaînettes d’or : ce sont, paraît-il, des cuisiniers. Ils ont une recette merveilleuse pour le « kari ».

Un autre Indien, un prince, secrétaire de la reine, que l’on appelle le munchi et qui porte un