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DEVANT LA HAUTE-COUR

publicains, les journalistes, ces dames dans les tribunes, tout le monde, en un silence de grand ennui et de victorieux sommeil, attend la fin de la lecture qui ne finit pas. Voilà des heures qu’il lit. Le lecteur aussi est effroyablement las.

Et rien ne nous délassera plus, rien ne fera plus, ce jour-là, sortir l’Assemblée de son atonie, pas même la question soulevée in extremis par Me Choppin d’Arnouville, qui dépose et lit des conclusions tendant à ce que la Haute Cour décide si les sénateurs qui n’ont pas assisté à la première audience peuvent ou non prendre part à l’examen du fond et siéger comme juges.

Des conclusions analogues, mais demandant expressément que la Haute-Cour exclue de ses délibérations les sénateurs qui n’ont pas assisté à la première audience, ont été déposées au nom de MM. Jules Guérin, Dubuc, de Fréchencourt, Cailly et autres.

Le procureur général lui-même ne veut plus « rien savoir ». Il déclare s’en rapporter à la sagesse du tribunal, ce qui est une façon de se désintéresser de toutes les choses de ce monde.

Le président annonce, alors, que la Haute-Cour en délibérera en chambre du conseil et l’audience est levée, enfin, à la satisfaction de tous, à la minute précise où Me Hornbostel, qui défendit Émile Henry, mais qui défendra M. Baillière, se disposait à traverser l’hémicycle pour la deux centième fois — au moins.