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KRASNOÏÉ-SÉLO

champs. Où donc le soleil de gloire des Quatorze-Juillet, se brisant et se reflétant à l’or des galons, aux chamarrures des uniformes ? Il n’y a là ni soleil, ni galons, ni chamarrures. Rappelez-vous nos fantassins tricolores avec leurs capotes bleues, leurs pantalons rouges et leurs guêtres blanches. Ceux-ci sont noirs et font sur la plaine des taches noires. Et le soleil, y en eût-il, n’éclaterait pas à l’acier des cuirasses, car les cuirassiers n’en ont point.

Nous sommes au centre d’un cercle immense dont quarante mille hommes tracent la circonférence. Et voilà que cette circonférence se meut, et le cercle semble se mouvoir avec lui. La ligne noire des hommes, dans une courbe parfaite, glisse de notre droite à notre gauche, se déplace en face, sur le côté et derrière. Nous sommes au centre d’une plaque tournante, et cela donne un peu le vertige.

Et puis l’arc que nous avons devant nous se brise et donne naissance à de soudaines figures géométriques qui s’isolent ou se fondent entre elles : des carrés, des losanges, des quadrilatères, qui s’allongent, puisse rétrécissent, pour venir se mêler et se masser à notre gauche. Tout cela se rapproche : on perçoit les jambes trottantes des chevaux par milliers. Les musiques des régiments viennent à nous, précédées des petits disques blancs des tambours. La Marseillaise prend son vol sur la plaine. Le défilé commence.

Devant la tente de l’empereur, au sommet du