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KRASNOÏÉ-SÉLO


Krasnoïe-Sélo, 25 août.

Sous le ciel bas, et gris, et froid, et compact de nuages qui, tout à l’heure, crèveront, dans la plaine immense et boueuse que bornent des bois sombres, s’érigent des estrades géantes pouvant porter un peuple. Elles se décorent des couleurs de France, elles dressent aux quatre coins de leur quadrilatère des mâts où tombent, droites et sans un frisson, de hautes bannières tricolores que la brise n’agite point. Au centre, sur un tertre, une tente et le drapeau de l’empereur.

Dans les lointains, aux horizons brumeux, des points blancs, qui sont les toiles des campements, tirent seuls le regard dans ce paysage de bitume et de terre de Sienne. Cela a son caractère intense et sa beauté sombre. Cela fait contraste avec les paysages de lumière de Long-