Page:Leroux - Sur mon chemin.djvu/138

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
124
SUR MON CHEMIN

plus flatteuses. Il y a, un peu partout, de petites niches où apparaît l’icone de notre président. Il y a des sortes de reposoirs où, dans les verdures, se dressent trois bustes : celui du tsar et de la tsarine et, les dominant, au milieu, celui du président de la république française. Cette trinité est multipliée à l’infini.

Les marchands vendent des quantités innombrables de médailles où se grave l’image du président. Les objets les plus familiers sont « à la Félix Faure », Et j’ai vu, entre cent exemples, des étuis de papillotes pour dames aux couleurs tricolores, avec l’éternel portrait de Félix Faure. Enfin, on chante, à tous les banquets, des cantates en russe où nous ne comprenons qu’une chose : c’est que chaque couplet est à la gloire de Félix Faure.

L’opinion générale est qu’il nous représente d’une façon aussi correcte qu’élégante. On lui reproche bien autre chose, et cela de la manière la plus catégorique : il n’a point d’uniforme. Avouons qu’il n’y a point là de sa faute, mais un peu de la nôtre. On aime le costume en Russie, et nous avons pu en juger à l’accueil qui fut réservé à toute apparition de l’uniforme français. Un de nos confrères avait compris cela qui avait apporté dans sa malle un uniforme d’officier de réserve. Il l’a sorti.

Les moujiks ne comprennent point que ce chef de l’État reste tout en noir quand il pourrait être doré comme tout le monde. La colonie française,