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COIN DE FÊTES

se prolongent jusqu’à l’aurore ! Au dehors, le peuple hurle ses hourras sans trêve, il éclate en cris de « Vive la France ! » et agite les drapeaux français.

Quand le cortège approche, un grondement lointain l’accompagne. C’est l’enthousiasme des foules qui lui fait escorte. Il s’avance avec lui, il roule avec lui, ils arrivent ensemble. Une voiture passe où se trouvent un empereur et un président de la république. Toutes les bouches sont ouvertes, toutes les têtes sont nues. La voiture s’éloigne dans cette tempête de cris qui gronde depuis vingt-quatre heures sur la ville.

Félix Faure est partout. Son image est devenue populaire. On distribue ses médailles, on exhibe ses bustes. Les kiosques sont couverts d’affiches où le président apparaît debout, avec le grand-cordon de la Légion d’honneur. Au-dessous, vingt inscriptions en caractères énormes. Cela veut dire vingt fois « Vive Félix Faure ! » dans toutes les langues, dans tous les dialectes, dans tous les patois de l’immense Rassie. La Russie aime la France et reçoit Félix Faure ; elle embrasse les Français et acclame Félix Faure. La personnalité du président grandit soudain et atteint ici des proportions que nous nous bornons à constater. Dans toutes les avenues, on voit au-dessus des portes, au-dessus des marquises, les bustes nombreux du président parmi les fleurs.

Les vitrines se décorent uniquement de son portrait, de toutes tailles, avec les dédicaces les