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À BORD

s’acharna sa plume. Et ce fut un spectacle inoubliable que celui de la poignée de main qui fut échangée. Elle fut longue et sentimentale. D’un côté, il y avait tous les pardons, et, de l’autre, tous les repentirs.

Au retour, le confrère qui avait capitulé ne disait mot ; ses compagnons aussi se taisaient. Un silence planait sur la gravité de la situation. Finalement, on entendit un soupir et ces paroles :

« Nous nous sommes réconciliés devant l’étranger ! »[1]

L’émotion était à son comble. On échappa à un attendrissement général en se précipitant vers le Versailles et en s’occupant obstinément qui de ses malles, qui de l’aménagement de sa cabine.

Tout ceci n’est que petites anecdotes ; mais, en attendant les récits épiques et la perspective Nevsky, ne faut-il point nourrir sa chronique d’historiettes ?

Je n’ai point cependant l’intention de découvrir la « vie à bord ». En revanche, je me serais volontiers livré aux douceurs d’une interview, mais les passagers du Versailles ne sont point gros personnages dont les discours méritent d’être rapportés. Ils sont là une centaine ras-

  1. Pour ne pas le nommer, le confrère qui manqua à ce point de dignité et qui capitula si honteusement devant une poignée de main présidentielle, n’est autre que M. Gaston Stiégler, de l’Écho de Paris.