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SUR MON CHEMIN

notre départ, ce qui ne manque point d’être vexant.

Le Havre ne s’étonne plus de rien. La villégiature coutumière du président de la République à la villa de la Côte l’a gâté. Il est blasé sur les grands spectacles.

Justement, M. Félix Faure villégiaturait. Une dépêche du président de la République à notre confrère Belon, du Petit Journal, nous appelait auprès de lui. Avant notre départ, M. Félix Faure tenait à ce que quelques-uns d’entre nous, qu’il ne connaissait qu’imparfaitement ou pas du tout, lui fussent présentés.

Nous étions six qui devions « prendre » le Versailles. Cinq d’entre nous s’acheminèrent vers la villa de la Côte et eurent tout d’abord l’heur de se croiser avec l’illustre Montjarret, qui faisait des huit au long de la route, superbe sur une bicyclette toute neuve.

M. Félix Faure, selon sa coutume, fut de toute affabilité. Mais cette visite n’eût point valu peut-être d’être signalée si elle n’avait acquis soudain, à certains yeux, aux yeux des journalistes présidentiels surtout, une importance considérable.

Un de nos confrères, qui s’était distingué jusqu’à ce jour par son indépendance, la liberté de son langage lors des voyages du président, la hardiesse de ses appréciations et l’irrévérence de ses critiques, ce confrère, disons-nous, ne refusa point d’être présenté à celui contre qui