Page:Leroux - Le Parfum de la dame en noir.djvu/111

Cette page a été validée par deux contributeurs.

de Garavan recourbée comme une faucille d’azur. Et puis, au fur et à mesure que nous avançâmes, son éclat s’éteignit. L’astre, derrière nous, s’était incliné vers la crête des monts ; les promontoires, à l’Occident, s’enveloppaient déjà, à l’approche du soir, de leur écharpe de pourpre, et le château n’était plus qu’une ombre menaçante et hostile quand nous en franchîmes le seuil.

Sur les premières marches d’un étroit escalier qui conduisait à l’une des tours, se tenait une pâle et charmante figure. C’était la femme d’Arthur Rance, la belle et étincelante Edith. Certes, la fiancée de Lammermoor n’était pas plus blanche, le jour où le jeune étranger aux yeux noirs la sauva d’un taureau impétueux ; mais Lucie avait les yeux bleus, mais Lucie était blonde, ô Edith !… Ah ! quand on veut faire figure romanesque dans un cadre moyenâgeux, figure de princesse incertaine, lointaine, plaintive et mélancolique, il ne faut point avoir ces yeux-là, my lady ! Et votre chevelure est plus noire que l’aile d’un corbeau. Cette couleur n’est point dans le genre angélique. Êtes-vous un ange, Edith ? Cette langueur est-elle bien naturelle ? Cette douceur de vos traits ne ment-elle point ? Pardon, de vous poser toutes ces questions, Edith ; mais, quand je vous ai vue pour la première fois, après avoir