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LE CHÂTEAU NOIR

ce qu’il faut pour se curer les dents, se limer les ongles et déboucher les bouteilles.

Le grand Albanais examina curieusement l’objet, en fit jouer toutes les lames et finalement le garda.

« Mais c’est un canif de poche ! s’écria le pauvre La Candeur.

— C’est sans doute à cause de cela ! fit Priski, que l’Albanais l’a mis dans la sienne ! »

Le géomètre le plus habile eût éprouvé quelque difficulté à établir le plan de cet entassement de constructions qu’on appelait la Karakoulé. Le sommet du rocher étant fortement incliné du Sud au Nord, les bâtiments grimpaient les uns sur les autres et le premier étage de telle façade devenait, par derrière, un rez-de-chaussée,

Ainsi, toutes les parties de l’enceinte que les jeunes gens traversèrent, communiquaient entre elles par des escaliers et des voûtes innombrables et n’en restaient pas moins séparées par des murs crénelés qui faisaient de chacune de ces bâtisses autant de réduits, autant de forteresses qu’il eût fallu prendre les unes après les autres !

« Messieurs, fit Priski, je vous laisse entre les mains de notre kaïmakan ![1] »

  1. Sorte de khalifat, « second du pacha ».