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LE CHÂTEAU NOIR

— Vous croyez ? fit La Candeur arrêté soudain dans son désespoir, vous croyez qu’il ne me coupera pas la tête ?…

— Non ! dit Priski. Il empale !… »

La Candeur se mit à gémir, cependant que M. Priski éclatait de rire.

« C’est évidemment très drôle ! fit Rouletabille, qui, lui aussi, commençait à trouver ce M. Priski moins plaisant.

— Mon Dieu, monsieur, répliqua Priski, je ris parce que je vois à qui j’ai affaire. On ne voyage point comme ces messieurs sans avoir laissé derrière soi quelques petites ressources. Ces messieurs ont des parents…

— Je suis orphelin, dit La Candeur.

— Des amis…

— Ah ! s’il faut compter sur les amis !…

— Monsieur le majordome, interrompit Rouletabille, si vous êtes chargé par quelqu’un de nous interroger pour savoir « s’il y a à faire », vous répondrez de notre part à ce quelqu’un que nous sommes de pauvres journalistes, mais que nous appartenons à un journal fort prospère qui ne reculera pas devant un raisonnable sacrifice pour être agréable à votre maître.

— Eh bien, mais voilà déjà une bonne parole. Il n’en faut pas davantage pour commencer.

— Comment, pour commencer.

— Mais oui, nous avons l’habitude ! Aujourd’hui nous apprenons que monsieur est un pauvre journaliste — il montrait Rouletabille. Demain, monsieur — il montrait La Candeur — voudra bien nous avouer qu’il est un sérieux « barine », un tout à fait charmant seigneur, dont il a bien l’air, du reste !

— Moi, moi, un seigneur ! s’exclama La Candeur, furieux.

— Je ne dis point cela pour vous outrager ! En attendant, si ces messieurs sont prêts, je vais avoir l’honneur de précéder ces messieurs. »

Les trois jeunes gens suivirent à nouveau Priski qui