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LE CHÂTEAU NOIR

— Ce que j’en disais, c’était pour savoir !… répondit l’autre évasivement. On peut toujours bien demander !… Eh bien ! nous voilà dans un joli pétrin !… Ah ! ça, mais tu n’es pas fou de nous avoir conduits dans ce pays-là !

— Tu m’écœures ! fit Rouletabille ; tes plaintes n’ont jamais été plus nauséabondes, Dépêche-toi de t’habiller… Moi je vais faire un petit tour…

— Où vas-tu ?

— Si on te le demande… »

Mais il était déjà parti… Cinq minutes plus tard, il revenait, l’air radieux.

« All right ! Tout va bien !…

— Tu trouves ! reprit La Candeur.

— Ah ! tu ne vas pas recommencer !

— Si encore on savait pourquoi on est venu ici !… regrogna-t-il, entêté.

— Le fait est, exprima Vladimir, que le moment serait peut-être venu de nous le dire !

— Ma foi, je n’y vois plus aucun inconvénient, » répondit Rouletabille.

Et, après avoir allumé sa pipe, il leur avoua qu’il les avait jetés dans cette aventure dans le dessein tout naturel de leur faire accomplir un reportage unique au monde et qui, certainement, ferait mourir de désespoir et d’envie Marko le Valaque lui-même !

À ces mots Vladimir ne se sentit plus de joie, cependant que La Candeur, plus maussade que jamais, attendait que Rouletabille eût fini de s’expliquer.

Celui-ci se plaça entre eux et leur dit tout bas :

« Eh bien, voilà ! Kara-Selim, le seigneur de ce château, a volé au général Vilitchkof les plans de la mobilisation bulgare et j’ai promis au général Stanislawof de les lui rapporter !… qu’est-ce que vous dites de ça ?… »

Vladimir déclara simplement en se frottant les mains avec jubilation : « À voleur, voleur et demi ! on tâchera d’être à la hauteur !… »

Rouletabille sourit et se tourna vers La Candeur.