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LE CHÂTEAU NOIR

cela, que l’on n’a plus d’argent pour payer !… et puis on en trouve bien tout de même, allez !

— Vous êtes bon, vous ! Ça dépend encore de ce qu’on demande ! exprima lugubrement La Candeur… Est-ce que vous demandez cher ?

— Nous demandons toujours une somme honorable !…

— Honorable ! Honorable ! Il s’agit de savoir ce que l’on entend par honorable !  !  ! Combien demandez-vous par personne ? »

Mais Vladimir lui fit signe de se taire et prit la parole à son tour d’un air innocent.

« Il ne s’agit pas de savoir ce qu’on nous prendrait par personne… Les habitudes de ces messieurs de la montagne sont de traiter en bloc, les riches payant pour les pauvres… Je crois qu’avec une dizaine de mille francs !… hein ? »

Priski ricanait.

« Vingt mille… » continuait Vladimir.

Priski haussa les épaules.

« Trente mille !… »

Priski se moucha dans un mouchoir immense et fit entendre un fort méprisant bruit de trompette.

La Candeur alors se leva dans une grande agitation et demanda tout pâle :

« Est-ce que vous nous lâcheriez tous pour quarante mille francs ?

— Vous voulez rire, messieurs ! déclara en souriant M. Priski. Nous ne recevons pas l’aumône !… D’abord, nous ne nous occupons jamais des gens à moins de cent mille francs… il ne faut pas que ces messieurs oublient que nous avons des frais !… »

Sur quoi M. Priski salua, engageant les jeunes gens à terminer tôt leur toilette. Aussitôt qu’il fut parti, Rouletabille dit à La Candeur : « T’en fais une binette !… parce qu’ils ne voudraient pas nous relâcher pour quarante mille francs !… qu’est-ce que ça peut bien te faire ? Tu sais bien que je n’ai plus que quelques billets… »