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LE CHÂTEAU NOIR

Mais déjà Vladimir s’était précipité et nos gens procédaient avec soin à leur toilette et Rouletabille revêtait son smoking, cependant que Priski allumait du feu dans les cheminées, et quelles cheminées !… On eût pu y brûler des arbres !…

« La seule chose que je craigne, émit Priski, en s’arrêtant de souffler sur les braises, est, qu’au jour, vous ne trouviez vos chambres un peu sombres ; mais que ces messieurs prennent patience… dans huit jours, comme je vous l’ai dit, ces vilains Allemands nous auront débarrassé le plancher et vous pourrez prendre leur place. Le second étage, en effet, est plus gai, plus clair, plus aéré ! Je regrette bien que vous soyez arrivés si tard !

— Cependant, fit Rouletabille, si les Allemands n’ont point consenti à s’entendre pour ce que vous m’avez dit tout à l’heure…

— Ah ! s’ils ne veulent point payer la note !… eh bien, mais ils s’en iront tout de même.

— Ils s’en iront sans payer ? osa demander avec un léger mais nerveux sourire le timide La Candeur.

— Oui, monsieur, sans payer !… Vous comprenez… Nous ne forçons personne… Paye qui veut !

— Et alors ? se risqua-t-il à demander encore.

— Alors, c’est monsieur Djellah qui vient les chercher…

— Qui est-ce, monsieur Djellah ? Leur consul ?

— Non, monsieur, monsieur Djellah n’est point leur consul ; monsieur Djellah, c’est « monsieur Bourreau » !

— Ouais ! soupira La Candeur en s’affalant.

— Vous voyez, continua l’excellent Priski, qu’au fond, il vaut mieux s’arranger…

— Mais si l’on n’a plus d’argent pour payer ! monsieur le majordome !  !  ! finit par exploser La Candeur, lequel trouvait maintenant ce M. Priski moins drôle qu’on n’aurait pu le juger tout d’abord.

— Oh ! plus d’argent pour payer ! sourit Priski en secouant la tête avec un évident scepticisme. On dit d’abord