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LE CHÂTEAU NOIR

soulever l’enthousiasme d’un ami des monuments historiques, si l’aspect n’en avait été quelque peu gâté par la vision, contre la muraille, d’un tableau où l’on avait peint les numéros des chambres, où l’on avait suspendu des clefs, et près duquel, sur une petite tablette, on avait aligné des bougeoirs. Le cuivre de ces bougeoirs brillait d’un éclat incomparable.

« Ça a l’air d’être tenu proprement, fit remarquer Vladimir, lequel s’amusait beaucoup depuis qu’il se savait prisonnier « chez des brigands ! »

— Monsieur, répliqua le majordome, c’est moi-même, ce matin, qui ai frotté les bougeoirs au « brillant belge ».

Mais déjà Priski s’était plongé dans le mystère d’un escalier en colimaçon, qui grimpait à l’étage supérieur.

Nos jeunes gens l’y suivirent.

Au premier étage, Priski leur montra trois chambres qui communiquaient entre elles de plain-pied :

« C’est ce qui nous reste de mieux à vous offrir, pour le moment ! dit-il.

— Mais c’est parfait ! exprima Rouletabille en examinant avec une satisfaction non dissimulée l’ameublement, propre, acheté certainement dans quelque bazar moderne, les petits lits de camp, le linge bien blanc, les petites descentes de lit et les petites tables de toilette de ces trois formidables chambres dont les murs avaient cinq mètres de profondeur et dont les fenêtres semblaient des embrasures prêtes à recevoir des canons ou tout au moins des fauconneaux.

— Mon Dieu ! monsieur… nous tenons à ce que nos voyageurs sortent d’ici assez contents et qu’ils aient le moins de reproches à nous faire. Évidemment vous ne trouverez pas à l’hôtel des Étrangers le luxe du Carlton à Londres ou à Paris, mais nous avons fait notre possible pour que vous ne manquiez point de ce que l’on appelle en Turquie le hirchnut, c’est-à-dire le confort !…

— Priski !… seriez-vous assez aimable pour dire à mon valet de monter ma cantine. Je vais m’habiller ! »