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LE CHÂTEAU NOIR

repousser comme des gens mal élevés les invitations que ne manquera point de vous faire Kara-Selim pour ses noces !… Les Allemands boudent… Le pacha noir n’aime pas ça !… Entrez, messieurs, je vous en prie, n’ayez pas peur… Tenez, voilà la clef… Elle est à vous… Chaque voyageur a sa clef… Nous vous recommandons seulement de ne pas oublier de fermer la porte… car, entre nous, le pays n’est pas sûr… Parmi tous ces gens que nous venons de croiser dans la bâille, il s’en trouve qui ont reçu une mauvaise éducation et qui ne sont point toujours d’une extrême délicatesse : voilà pourquoi nous avons reçu l’ordre de tout mettre sous clef… C’est ps prudent… et il ne faut tenter personne, n’est-ce pas ?…

— Priski, vous me paraissez tout à fait un brave homme ! Tu as entendu monsieur, La Candeur ?… Commences-tu à te tranquilliser ?

— Monsieur n’était donc point tranquille ? demanda Priski.

— C’est que, fit Rouletabille, on avait raconté à monsieur des histoires de brigands !

— Il y a toujours de mauvaises langues ! » ricana Priski.

La Candeur était anéanti. Il ne pouvait plus douter que ses compagnons et lui fussent tombés entre les mains d’une bande de brigands. Et il se mit à trembler, sans avoir la force de prononcer une parole. Généralement il ne faisait point étalage d’une exceptionnelle bravoure. Son amitié pour Rouletabille lui servait de courage et il fallait que celle-ci fût bien forte pour qu’il eût accepté de faire partie d’une expédition pareille, qui débutait d’une façon aussi malheureuse.

Quant à Rouletabille, il paraissait enchanté. Au fond, les choses, pour lui, ne se présentaient point trop mal. Et du reste il n’avait qu’à se rappeler toutes les histoires analogues arrivées récemment à des voyageurs en Épire et aussi la capture de quelques amis qu’il avait vus à Tanger et qui s’étaient laissés surprendre par un pacha