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AU PALAIS ROYAL

— Général, monsieur m’excusera, mais je ne puis parler que devant vous seul ! »

Ce disant, il avait montré Athanase.

L’officier salua et demanda la permission de se retirer.

Avant de gagner la porte, Athanase salua aussi Rouletabille, mais celui-ci lui tourna le dos. Le général s’aperçut du mouvement.

« Eh quoi ! fit-il. Vous vous connaissez depuis ce matin et vous voilà déjà ennemis !… Allons donc, messieurs, j’ai besoin de vous !… Je veux que vous vous serriez la main !… »

Rouletabille dit :

« Et moi, général, je veux que monsieur me présente des excuses. »

Athanase pâlit, mais, avec effort, il dit :

« Monsieur, je vous les dois. »

Ils se serrèrent la main sous le regard de Stanislawof qui leur ordonnait d’oublier une inimitié dont il ignorait, du reste, la cause.

Puis Rouletabille recommanda à Athanase de faire ses préparatifs de départ et lui donna rendez-vous chez lui, à huit heures. Il lui annonça en même temps qu’ils prendraient ensemble un train spécial de nuit lequel déposerait l’expédition, dans le plus grand mystère, quelques kilomètres avant la frontière.

Quand ils furent seuls, le général dit à Rouletabille sur un ton du reste fort encourageant :

« Allons, jeune homme, je vous écoute.

— Général, fit le reporter, vous disiez, tout à l’heure, en parlant de cette jeune fille qu’a enlevée Gaulow et dont tous les parents sont morts assassinés, vous disiez que vous vous considériez comme son père adoptif… Eh bien ! si je réussis à la reprendre à Gaulow en même temps que tous les documents, je vous demanderai la main d’Ivana Vilitchkov !… »

À la grande surprise de Rouletabille, Stanisiawof toussa singulièrement après cette chaude confidence…