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LE CHÂTEAU NOIR

dition… Moi donc, ou monsieur… l’un de nous traversera la frontière et vous apprendra ce qu’il en est, de telle sorte, général, que le 18 au plus tard, vous serez fixé !

— Mais si le 18 je n’ai pas de nouvelles de vous…

— Vous en aurez, général…

— Il est entendu qu’Athanase Khetew part avec vous !…

— Certes ! fit Khetew… Sans moi, il serait bien difficile à monsieur de parvenir jusqu’à la karakoulé ! »

Rouletabille haussa les épaules et ne lui répondit pas, mais au général, en regardant la carte :

« Le 17, dans l’Istrandja-Dagh, en deçà de la frontière à Kaïlkhar et à Odjakini, que vos courriers nous attendent ; ils nous verront arriver. Dans l’un de ces deux villages, l’un de nous demandera : le courrier du général Stanislawof !…

— Pourquoi justement Kaïlkhar ou Odjakimi ? demanda le général en regardant Rouletabille assez fixement.

— Oh ! vous le savez bien ! Parce que selon mon plan, qui par hasard s’est rencontré justement avec le vôtre, les deux villages de Kaïlkhar et d’Odjakini commandent les deux défilés par lesquels l’aile gauche de votre troisième armée, qui est censée achever sa mobilisation au-dessus de la Maritza et qui en réalité est restée groupée à l’extrême Est, non loin du terrain des dernières manœuvres de septembre, débouchera sur le versant Sud de l’Istrandja, au-dessus même de Kirk-Kilissé.

— Tu es le diable ! grogna Stanislawof… Mais si tu réussis, tu pourras venir me demander ensuite tout ce que tu voudras, tu entends, petit, tout ce que tu voudras ! »

Le général le tutoyait ! Rouletabille résolut de profiter d’un si heureux moment.

« Justement, dit-il, avec un certain embarras, j’ai quelque chose à vous demander.

— Voyez-vous cela !… Je pensais bien aussi que tu ne montrais pas un aussi beau zèle pour l’unique amour du reportage ! Eh bien ! parle !