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AU PALAIS ROYAL

qui revenaient des halles centrales et regagnaient les villages… À cette heure, ils sont certainement garés…

— Mais comment ont-ils pu faire avec une jeune fille déjà blessée qui a dû se débattre, crier, appeler à l’aide dès qu’elle apercevait ou entendait du monde sur la route ? demanda Athanase.

— Criait-elle, appelait-elle, quand elle regardait paisiblement derrière le carreau de l’auto, comme vous la dit l’employé du magasin du Pont-des-Lions ?

— C’est incompréhensible !

— On avait peut-être promis à Mlle Vilitchkov une balle dans la tête au premier cri.

— Je connais Ivana.… ce n’est pas cela qui aurait pu l’arrêter !… Elle se serait plutôt fait tuer que de devenir la proie de ces misérables !…

— Que voulez-vous que je vous dise, monsieur ? C’est incompréhensible, mais c’est ainsi ! Elle ne s’est pas débattue, et elle n’a pas crié !… affirma Rouletabille,

— Dites-moi donc qu’elle les a suivis de bonne volonté !

C’est mon avis ! finit par lui lancer le reporter.

— Monsieur, vous allez m’expliquer comment vous osez proférer une pareille sottise… cria le Bulgare en s’avançant, les poings fermés, prêt à frapper. Rouletabille pâlit, mais se contint.

— Monsieur ! je ne vous expliquerai rien du tout ! et cessons immédiatement, si vous le voulez bien, cette vaine querelle, Nous n’avons pas le temps de nous disputer… »

Ils rentrèrent à Sofia sans se dire un mot. Athanase était accablé.

Sans plus s’occuper du reporter, le Bulgare, arrêtant son auto devant le palais, pénétra chez le tsar et demanda le général Stanislawof. Il ne s’apercevait même pas que Rouletabille l’avait suivi. On les laissait passer tous les deux, croyant qu’ils demandaient audience ensemble.

Athanase Khetew, seul, était entré chez le général. Un