Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/65

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.


VI

AU PALAIS-ROYAL


Rouletabille avait sauté de l’auto avant même qu’elle fût arrêtée. D’abord c’était son idée à lui qu’on était dans le mauvais chemin et que les autres les conduisaient où ils voulaient, comme par le bout du nez. Mais en vérité nous devons attribuer la rapidité de son mouvement surtout au besoin qu’il avait de ne pas rester plus longtemps auprès d’Athanase qu’il eût volontiers étranglé.

Pour ne pas avoir à parler trop tôt à cet homme et pour cacher son trouble, le reporter s’était mis à inspecter très attentivement la route comme s’il avait soudain découvert quelque chose de très important. Il ne parvint peu à peu à se calmer qu’après s’être répété dix fois la phrase d’Ivana : « Personne, dans le monde, n’a le droit de se dire mon fiancé. »

Cependant il était bien improbable que le Bulgare osât à ce point « se vanter » ! Alors Rouletabille, qui voulait absolument se consoler, imagina qu’Athanase avait demandé la main d’Ivana et que la jeune fille, qui aimait ce garçon comme un frère, avait hésité à lui faire de la peine