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LE CHÂTEAU NOIR

« Je revins ainsi à Ichtiman, retournant sur mes pas, sachant que je ne pouvais espérer trouver un pneu de rechange qu’en cet endroit. On m’indiqua un forgeron qui faisait métier d’en vendre et qui se chargeait de toutes réparations d’auto. Grâce à ce brave homme, je pus me remettre en route définitivement. Mais, hélas ! que de temps perdu ! Et pendant que je volai vers Sofia, quelle angoisse atroce me serrait le cœur !

« Enfin je vis apparaître les maisons, les églises de Sofia ! Mais je n’avais pas rencontré les bandits. Que faisaient-ils en ces terribles minutes ? Je donnai toute ma vitesse et arrivai en trombe, mais trop tard ! Ivana ! Ivana !… »

Rouletabille ne put s’empêcher d’observer que tout le désespoir d’Athanase Khetev s’adressait uniquement à Ivana, et oubliait complètement ce pauvre général-major.

« Vous l’aimez bien, votre cousine, monsieur Athanase ? »

M. Athanase hocha le front et leva une seconde — pas trop longtemps, à cause d’une embardée possible — les yeux au ciel.

« Je crois bien, monsieur, que je l’aime ! répondit-il de sa grosse voix rauque et pitoyable, n’est-elle pas ma fiancée ?

— Stop ! » hurla Rouletabille.