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LE CHÂTEAU NOIR

coffre peint de couleurs vives et tout clouté de cuivre.

Oui, il avait vu !

Rouletabille cria : « En marche ! »

Ils repartirent.

« Ce sont eux ! Ce sont eux ! ne cessait de répéter Athanase ; mais pourquoi, demanda-t-il au reporter, perdez-vous votre temps à vous occuper des malles ! Qu’est-ce que peut bien nous faire votre coffre clouté de cuivre ?

— Monsieur Athanase, il ne faut négliger aucun détail. S’il est démontré que ces gens emportent avec eux les coffres qui ont été volés chez le général, il est démontré du même coup que ce sont bien les mêmes que ceux que nous cherchons.

— Croyez-vous, exprima encore Athanase, que nous en avons une chance que ces bandits se soient arrêtés à ce magasin !

— Et que nous nous y soyions arrêtés nous-mêmes ! corrigea Rouletabille.

— Maintenant, nous n’avons qu’à courir derrière eux.

— Oui, fit le reporter pensif, oui, oui, oui, monsieur Athanase… c’est bien, c’est beau ! c’est même trop beau ! Ils auraient bien pu au moins cacher le coffre ! dites-moi, ce Gaulow est très… très fort ?…

— S’il est fort ! Je poursuis Gaulow depuis dix ans, fit la voix sourde d’Athanase. Mais j’ai enfin découvert sa retraite ! Hélas ! il venait, dans le moment même, de la quitter ; oui, il n’était plus dans son Château Noir, un vrai repaire qu’il a là-bas au fond des montagnes et où il vit en roi. Je l’ai encore manqué de dix minutes à Kirk-Kilissé. Il avait pris le train pour Andrinople. Je sautai dans le train suivant, Quand j’arrivai à Andrinople, il avait quitté la ville depuis une heure avec ses compagnons, c’est-à-dire avec sa bande, et je venais d’apprendre que deux autos les attendaient au delà de la frontière bulgare pour une mystérieuse entreprise dont je ne soupçonnais que trop le but abominable. Je résolus aussitôt de télégraphier, mais télégraphier comment ? Télégraphier