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ATHANASE KHETEW

« Si c’étaient eux, dit-il à Rouletabille, ils n’auraient pas laissé à Ivana la liberté de regarder à la portière, ou Ivana aurait certainement appelé, crié à l’aide…

— Non ! répliqua Rouletabille, elle n’aurait pas appelé, elle n’aurait rien crié du tout.

— Pourquoi ?

— Je vous dirai ça plus tard, quand nous aurons le temps. Demandez à l’employé s’il y avait des malles, des coffres sur cette limousine. »

L’employé répondit qu’il n’avait remarqué aucune malle, aucun coffre…

« Demandez-lui si, avant cette limousine, il n’avait pas vu une autre auto avec d’autres officiers. »

L’employé répondit qu’en effet une torpedo avait précédé la limousine d’une vingtaine de minutes, qu’elle était montée également par des officiers, et qu’elle était partie presque aussitôt, à toute allure, après que l’officier qui conduisait eût demandé les mêmes renseignements que l’on devait fournir, par la suite, à ceux de la limousine.

De toute évidence, les deux voitures allaient au même endroit et poursuivaient le même but.

Aussitôt que l’un des garçons eut prononcé le mot torpedo, Athanase, cette fois, s’était écrié : « Ce sont eux ! » et sa figure, alors si sombre, immédiatement s’était éclairée : « Ce sont eux, j’en suis sûr ! »

Depuis la frontière turque, Athanase poursuivait une limousine et une torpedo montées par des officiers qu’il savait être de faux officiers, et parmi lesquels il était sûr que se trouvait Gaulow. Il bondit sur son siège.

Le garçon de magasin mettait déjà le moteur en marche. Rouletabille l’arrêta pour lui faire demander encore si, dans cette torpédo, il y avait des malles, des coffres.

L’employé répondit que la voiture était pleine, par derrière, d’un amas de colis.

« N’avait-il point vu, parmi ces colis, une espèce de