lui-même. Il lui montrait la direction opposée à celle du chemin par lequel il était arrivé, du côté de la mosquée de Brandja-Bachi. Et Athanase, secouant sa tête hirsute et nue, car il avait perdu sa casquette, s’en étonnait.
« Par là ? Pourquoi par là ? Êtes-vous sûr qu’ils sont partis par là ?
— Oui, j’ai examiné le peu de traces qu’ils ont laissées sur des pavés de faïence ; mais, même sans traces, ils auraient certainement pris par là.
— Pourquoi ?
— Parce que vous vous en étonnez ! Leur intérêt n’était-il point de prendre le chemin le plus inattendu ?
— Mais leur intérêt est de regagner la frontière turque le plus tôt possible.
— Le plus sûrement possible.
— Mais nous nous en éloignons.
— Vous en revenez, de la frontière turque. Il n’y a pas tant de chemins pour les autos dans votre pays ! Vous ne les avez pas rencontrés, n’est-ce pas ? C’est donc qu’ils sont venus par là… ils sont retournés par ailleurs, expliqua avec volubilité le reporter impatienté. En route, monsieur, en route ! »
La voiture bondit… Ils firent le tour du palais royal, prirent par la rue Tergouska…
« Passez par le pont des Lions ! commanda le reporter…
— Pourquoi ?
— Je vous le dirai tout à l’heure… »
La voiture remonta d’un élan l’avenue de la Princesse-Marie-Louise. Quand ils arrivèrent sur le de Bojana, au coin du pont des Lions et du boulevard Silvnitza, le reporter fit stopper.
Athanase ne comprenait pas. Rouletabille lui montra un garage-magasin dont les portes étaient entr’ouvertes.
« Parce que vous devez avoir besoin d’essence.
— C’est vrai !…
— Et qu’eux aussi ont dû avoir besoin d’essence. »