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« TROP TARD ! »

Pendant ce temps, devant lui, courant de pièce en pièce, Rouletabille continuait d’appeler Ivana…

Le reporter arriva à la chambre où il l’avait laissée, persuadé qu’il allait découvrir une horreur nouvelle, le corps supplicié de sa bien-aimée.

Ivre, titubant, osant à peine regarder devant soi, il poussa la porte.

La chambre était vide !

Ivana n’était plus sur le sofa… En revanche, il n’eut point de peine à démêler, d’un coup d’œil, dans le désordre des objets qui l’entouraient, la trace d’une courte lutte, de la brève résistance que la jeune fille avait tenté d’opposer à ses ravisseurs.

Ivana avait été enlevée !

À quel supplice Gaulow la réservait-il donc ?

Rouletabille touchait le fond du désespoir quand une main se posa sur son épaule. Il leva sur celui qui l’appelait ainsi un visage inondé de larmes. Le général était devant lui. Alors, il eut honte de sa pusillanimité, essuya ses pleurs et dit simplement, pour s’excuser :

« Général ! pardonnez-moi ! je l’aime !

— Eh bien, fit l’autre, impassible et poursuivant sa sombre pensée, eh bien ? elle est morte ?

— Non ! ils l’ont enlevée !… Mais je la retrouverai !… et malheur à ceux qui auront porté la main sur Ivana ! Moi aussi je prouverai que je sais me venger !… »

Or, le général dit :

« C’est le coffret qu’il faudrait retrouver !

— Et le coffret aussi, général ! je le retrouverai ! Je vous jure que rien n’est perdu ni pour vous ni pour moi ! D’abord, ordonnez au maître de police…

— Le voilà ! fit le général en se retournant vers un fonctionnaire qui venait d’entrer et qui écartait les officiers.

— Général, dit le maître de police, je viens d’apprendre l’abominable attentat… »

Mais Stanislawof l’interrompit…