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LE CHÂTEAU NOIR

« Et les documents volés ! »

La nouvelle que le reporter apportait était formidable. Stanisiawof eut une sourde exclamation et pâlit.

Fallait-il s’étonner que des documents si précieux eussent été transportés chez le général-major ? N’eussent-ils point dû rester dans les bureaux de la guerre ?

Nullement ! à cause de leur mystère même.

En dehors de quatre ou cinq officiers généraux, au plus, personne ne connaissait, ne devait connaître le plan de campagne qui préparait le coup de foudre de Kirk-Kilissé.

Rédigés dans le plus grand secret, les documents relatifs à ce plan devaient être cachetés tous les soirs, emportés par le général-major à son domicile et dissimulés chez lui dans un endroit où il était sûr qu’on ne saurait point les découvrir…

Le général ordonna à ses officiers de le suivre à une certaine distance.

« Parlez ! parlez vite, vous êtes sûr que les plans sont volés ?… Comment savez-vous cela ?… et quels plans ?… qui vous a dit que le général avait, chez lui, des plans ? Comment le savez-vous ?… »

Et Stanislawof, les sourcils froncés, fixait le reporter avec colère, de ses yeux perçants, aigus, froids et bleus, des yeux qui étaient connus cependant pour leur clair « regard d’enfant » mais qui, pour le moment, ne promettaient rien de bon au reporter.

Rouletabille, sans se laisser le moins du monde impressionner, raconta rapidement et nettement tous les événements de cette nuit abominable.

« Vous n’avez pas saisi une seule des paroles adressées par le général à Ivana ?

— Je ne les ai pas comprises, répondit le reporter. Quant à moi, je n’ai recueilli qu’une parole du général, la dernière qu’il ait prononcée avant de mourir… Le général, à ce moment, pouvait être déjà dans le coma…

— Qu’a-t-il dit ?