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« TROP TARD ! »

L’agitation de Rouletabille, qui réclamait un officier, était si grande, si expressive, si impressionnante, que le sous-off’alla réveiller l’officier de garde qui survint, les yeux bouffis de sommeil.

L’officier parlait français : Rouletabille lui dit tout de go qu’il y allait d’un intérêt immense qu’il vit le général Stanislawof sur-le-champ.

L’officier se mit à rire et déclara que le général dormait.

« Allez le réveiller ! »

L’autre le prit pour un fou.

« Je ne suis pas fou ! Le général-major Vilitchkov a été assassiné cette nuit chez lui ! »

L’officier, à cette grave nouvelle, perdit toute son hilarité et prit sa course vers le palais.

Comme de son côté, Rouletabille avait tenté un mouvement pour courir à la Moskowska et retourner à la maison de Vilitchkov, la sentinelle l’avait mis en joue. Celle-ci avait reçu l’ordre de l’officier de ne point le perdre de vue. Il attendit impatiemment, songeant à Ivana, qui était restée toute seule là-bas. Enfin, quelques minutes plus tard, il voyait sortir du palais tout un groupe d’officiers.

Ils marchaient vite, entourant un personnage que Rouletabille reconnut immédiatement pour être le général Stanislawof.

Le reporter avait déjà eu l’occasion d’approcher cet illustre soldat qui, pour l’honneur de son pays, devait, quelques mois plus tard, refuser de s’associer à l’attentat de Ferdinand contre la Serbie, et qui, plus tard encore, lors de la grande guerre européenne, rompit avec la Bulgarie traîtresse et mit son épée au service du Tsar de toutes les Russies.

Rouletabille courut à lui.

« C’est vrai, que mon vieux frère d’armes a été assassiné ? » lui cria le général.

Le reporter se pencha à son oreille :