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LE CHÂTEAU NOIR

le diable. Comment allons-nous faire pour qu’ils veuillent bien ouvrir leur porte ?

— Enlevez le bâillon de l’Allemand ! » ordonna Rouletabille.

Le bâillon fut enlevé.

Aussitôt une bordée redoutable d’injures tudesques fut projetée sur le palier. Mais aussitôt aussi, au son de cette voix si chère, la famille allemande ouvrit sa porte.

On vit apparaître Mama, Gretchen et les deux Jungenmänner (jeunes gens) qui hurlèrent en apercevant l’équipage dans lequel on leur ramenait leur chef de famille. Vladimir finit tout de même par leur faire entendre que s’ils leur rendaient M. Priski, on leur rendrait leur pater-familias.

« Ia ! Ia ! Ia ! » commanda la terrible voix du terrible Allemand ficelé.

Alors les Jungenmänner apportèrent un nouveau colis, c’était ledit M. Priski, ficelé également et bâillonné. Rouletabille livra le paquet allemand et prit possession du paquet Priski. La porte se referma avec éclat. Les verrous furent tirés à l’intérieur et une voix retentissante déclara que l’on n’ouvrirait plus qu’au consul allemand lui-même !

« Maintenant, descendons, monsieur Priski, » fit Rouletabille.

Le pauvre majordome fut redescendu dans la salle des gardes, puis glissé dans le trou du souterrain où Modeste, en punition de sa stupidité, fut chargé de le surveiller.

— Enlevez-lui au moins son bâillon, » dit Rouletabille, après avoir examiné de près la solidité des liens.

La Candeur se pencha et enleva le bâillon de M. Priski au moment où celui-ci allait disparaître dans le trou et au moment aussi où l’effroyable cacophonie des musiciens éclatait à quelques pas de là, dans la bâille.

« Voici la fête qui commence ! » eut tout juste le temps de dire, avec beaucoup de mélancolie, M. Priski avant que la dalle qui refermait le trou ne lui retombât sur la tête.