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LE CHÂTEAU NOIR

toutes nos armes et munitions à toutes les ouvertures et à toutes les meurtrières qui, du haut en bas du donjon (excepté au second, habité par les Allemands, se trouvent en face de la poterne du mur de ronde. Si les agents de Kara Sélim s’étaient présentés à la poterne, monsieur, ils auraient été bien reçus, je vous prie de le croire.

— Compliments, Vladimir, Mais j’espère que tu as fait disparaître ce matin tout cet arsenal ?

— Non, monsieur.

— Imprudent !… Est-ce que tu ne m’as pas vu, en rentrant cette nuit, ranger ma dynamite ?… Courez, Vladimir, courez… Descendez toutes les armes et toutes nos munitions dans le souterrain de la salle des gardes. Qu’on ne soupçonne chez nous non seulement aucune velléité, mais encore aucune possibilité de résistance.

— Oh ! monsieur, fit Priski, je crois, tout compte fait, que ce n’est pas aujourd’hui que l’on pensera à vous déranger. Nos gens sont gris de la fête d’hier et ils ne se réveilleront que pour s’enivrer de la fête d’aujourd’hui !

— Mais je m’imaginais que les musulmans ne devaient boire que de l’eau.

— Monsieur, si nous étions restés plus longtemps hier soir, à la réception de Kara pacha, vous auriez pu juger par vous-même qu’il est, avec Allah, des accommodements. »

À ce moment, la trompette qui avait réveillé Rouletabille retentit à nouveau et le reporter demanda à nouveau ce que cela signifiait.

« Cela signifie que le voyageur aperçu déjà une première fois par le veilleur a pris la route de la Karakoulé et qu’il sera ici avant dix minutes !

— C’est peut-être de nouveaux clients ? demanda Rouletabille.

— Messieurs, écoutez ces nouveaux éclats de la trompette… Il nous arrive un grand personnage ! On sonne, en ce moment, le rassemblement des misruks, qui sont