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SUR QUELQUES ÉVÉNEMENTS…

— Non, La Candeur, non, tu ne l’as pas tué…

— Il n’y a eu qu’une coïncidence.

— Oui… une fatale coïncidence.

— Rappelle-toi, Rouletabille… Ce malheureux est certainement mort d’un coup de sang, juste au moment où nous passions.

— C’est ce que j’ai toujours pensé pour mon compte… Il est mort d’un coup de sang juste au moment où nous passions et où tu lui donnais un coup de poing sur la tête !

— Tu crois que je lui ai donné un coup de poing sur la tête ?

— Oh ! moi, je ne sais rien de rien ! Tu étais plus près de lui que moi !…

— Écoute, Rouletabille, si nous avions des ennuis à cause de ce Turc-là, voilà ce qu’il faut dire : « Le pauvre a eu un coup de sang et il est tombé sur mon poing !… »

— Et encore, continua Rouletabille, sérieux comme un pape, pourquoi est-il tombé sur ton poing ? Parce que, justement, tu t’avançais vers lui pour l’empêcher de tomber !…

— C’est cela !… c’est tout à fait cela !… conclut La Candeur, à peu près rassuré et plein de reconnaissance pour son ami Rouletabille qui pensait à tout (heureusement pour ceux qui ne pensaient jamais à rien) et il se retourna du côté de Vladimir :

— Tu as entendu, Vladimir ? Tu sais exactement maintenant comment ça s’est passé avec ce pauvre grand diable de sentinelle de Turc.

— Oui, oui, répondit Vladimir, qui se retenait de rire à cause du sérieux imperturbable de Rouletabille. Et sois tranquille, va, je ne le raconterai à personne.

— Et vous, Vladimir, qu’avez-vous fait pendant notre expédition ? demanda Rouletabille en procédant rapidement à sa toilette.

— Monsieur, j’ai mis le donjon en état de défense. J’ai transporté nos carabines et les fusils des domestiques et