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SUR QUELQUES ÉVÉNEMENTS…

— Et vous-mêmes, reprit Priski, on se demandera ce que vous devenez !…

— Eh ! mais il n’y a aucune raison pour que l’on ne nous voie pas, nous autres ! N’avons-nous point la permission de la libre promenade dans le château ? Nous en userons, monsieur Priski, nous en userons ! Je n’ai jamais assisté à un mariage musulman, moi !… et puisque nous sommes invités, je tiens à bénéficier de l’occasion… Ne vous mettez pas en peine pour nous. »

À ce moment, on entendit un grand tapage à l’étage au-dessus.

« Qu’est-ce que c’est que ça ? demanda Rouletabille.

— Ça, monsieur, ce sont les Allemands du dessus qui s’impatientent ! Ils trouvent sans doute que l’on tarde bien à leur apporter leur petit déjeuner du matin.

— Qu’est-ce qu’ils prennent ?

— Du café, des confitures et des biscuits !

— Mais nous avons aussi bien que cela à leur offrir ! »

Rouletabille appela Modeste et lui ordonna de servir le déjeuner indiqué par M. Priski aux locataires du second.

Quand Modeste, toujours somnolent, eut pris les ordres, Rouletabille, par la porte entr’ouverte, eut tout loisir d’entendre la conversation qui se tenait alors entre La Candeur et Vladimir. La Candeur racontait l’expédition de la nuit dans des termes homériques.

Il se vantait d’avoir mis en fuite une armée de morts et de vivants, et agitait les bras, donnait des coups de pied, semblait se battre avec le ciel et la terre, affirmant qu’il avait assommé dix hommes.

Au beau milieu de ce discours, Rouletabille toussa.

La Candeur sursauta, se retourna, vit Rouletabille, rougit et baissa la tête.

« Quand on est aussi capon que toi, mon garçon, fit Rouletabille, on est mal venu à raconter de pareilles sornettes ! Ne le croyez pas, Vladimir. Il est aussi brave