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LE CHÂTEAU NOIR

tout « rater », avait, dès la nuit même, consolé Rouletabille du quasi-échec de son expédition. En arrivant au donjon, il s’était jeté sur son lit, ayant hâte de prendre le repos nécessaire avant le suprême combat du lendemain.

Il s’était endormi après s’être juré que, cette fois, il triompherait ou y laisserait la peau.

Il se réveilla très allègre. Un gai rayon de soleil pénétrait dans la formidable chambre. Le bruit clair et joyeux de la trompette lui chantait dans l’oreille. Son premier regard fut pour le visage un peu « terreux », pour la physionomie généralement sympathique, mais, dans le moment, moitié figue, moitié raisin, de ce bon M. Priski que Rouletabille avait enfermé avec lui pour être sûr de le retrouver à son réveil, tant il l’aimait.

« Eh bien, monsieur Priski, qu’est-ce que c’est que ce bruit de trompette ? Vous ne me répondez pas.

— Monsieur, je désirerais savoir si vous n’êtes pas bientôt décidé à me rendre ma liberté !…

— Mais pourquoi donc, mon cher monsieur Priski ?

— Ce n’est point parce que je m’ennuie avec vous, loin de là, mais je commence à trouver ridicule ma détention qui ne rime plus à rien et qui finirait par vous causer le plus grave préjudice.

— Monsieur Priski, vous nous avez dit que vous étiez un si mince personnage que votre absence ne manquerait point de passer inaperçue, surtout en ces jours de fête ; comme j’ai besoin de vous, je vous garde.

— Aurez-vous encore longtemps besoin de moi ?

— Vingt-quatre heures au plus !… Ça vous va ?…

— Moi je veux bien… mais vous verrez que ça finira par étonner tout de même quelqu’un que l’on ne m’aperçoive plus…

— On vous croira occupé près de vos hôtes du donjon… et ce sera la vérité…