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LE CHÂTEAU NOIR

Arrivés à cette maudite plate-forme de veille, il leur fallut s’arrêter. On devait passer au-dessus d’elle, derrière les créneaux à moitié démolis d’un vieux mur qui avait appartenu à l’enceinte primitive.

Au-dessous, sur la terrasse, la sentinelle allait et venait, d’un mouvement incessant, changeant de temps à autre son fusil d’épaule.

Cette sentinelle était un grand type de Turc, ma foi, fort déplaisant et qui avait une figure bien rébarbative sous la lune, laquelle, voulant sans doute profiter des rares instants qui lui restaient pour se montrer jusqu’à l’aurore, s’était mise à briller de son plus vif éclat.

Donc nos jeunes gens s’étaient arrêtés et considéraient impatiemment cet encombrant gardien. Il ne fallait pas songer à le tuer d’un coup de feu : le bruit eût donné l’éveil immédiatement au poste qui se trouvait un peu plus bas, à une dizaine de mètres de là et qui gardait une poterne du selamlick.

Pour le même motif, il était également impossible de penser à une agression qui l’eût fait prisonnier. Si rapidement que l’opération eût été menée, la sentinelle eût bien trouvé le temps de pousser un cri.

Un coup de couteau donnerait un résultat trop problématique.

Bref, toujours allongés derrière leurs débris de créneaux, Rouletabille et La Candeur paraissaient assez en peine.

La Candeur avait déposé M. Priski entre Rouletabille et lui. Chaque fois que cette vilaine sentinelle de Turc revenait du côté de La Candeur, La Candeur tremblait comme une feuille.

C’est que ce vilain Turc de sentinelle avait la tête presque à la hauteur des créneaux, c’est-à-dire à la hauteur de La Candeur.

Si le Turc s’était dressé sur la pointe des pieds, il m’aurait point manqué d’apercevoir La Candeur.

« J’ai peur, dit La Candeur.