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LE CHÂTEAU NOIR

— Tu penses !… Mais ne fais plus de blague comme tout à l’heure avec ta corde !… Tu sais, j’en ai eu une faiblesse !

— Et ce bon M. Priski ! qu’en as-tu fait ?

M. Priski nous attend ! Il fait ce qu’il peut ! »

Rouletabille halait sa corde. Athanase se redressa.

« Et Ivana ? demanda-t-il.

— C’est de Mlle Vilitchkov, je crois, que vous parlez ?… » fit Rouletabille, sans même regarder son rival, qui était en ce moment, du reste, fort laid à voir.

Et s’élançant sur la pente de la poivrière pour aller détacher sa corde de l’« épi », il laissa tomber ces mots :

« Elle va très bien, je vous remercie. Elle m’a chargé de vous faire tous ses compliments… »

En redescendant, il prit soin de se laisser glisser du côté du quartier des esclaves, sans quoi il eût risqué quelque dangereuse explication avec Athanase, qui ne dissimulait plus son envie de l’étrangler.

Rouletabille sauta le premier sur la plate-forme où il retrouva ce bon M. Priski solidement ligoté. Ils profitèrent du premier rayon de lune qui se glissa entre deux nuages pour échanger tous deux un petit salut fort amical.

« Messieurs, leur dit le majordome, quand il les vit tous réunis autour de lui et sans Ivana, messieurs, croyez-moi, j’estime que votre petite expédition a suffisamment duré ! Si vous ne tenez pas absolument à ce qu’elle finisse plus mal qu’elle n’a commencé, suivez mon conseil et le chemin des toits et courtines qui vous conduira au donjon. Le seul obstacle, je vous l’ai déjà dit, que vous rencontrerez est cette sentinelle, sur la petite plate-forme de la tour de veille. Vous ne pourrez passer près d’elle sans qu’elle vous aperçoive. Toutefois, je ne crois pas, d’après ce que vous m’avez montré de votre savoir-faire, que cette difficulté vous arrête bien longtemps. Rentrons, messieurs, la nuit s’avance… Il n’est que temps de regagner son honnête lit !…