Page:Leroux - Le Château noir, 1933, Partie 1.djvu/170

Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.
168
LE CHÂTEAU NOIR

— Oh ! Ivana ! je ne sais pas cela !…

— Je t’aime ! je t’aime ! Avant de partir, dis-moi que tu me crois !…

— Je ne dirai pas cela, Ivana !… parce que je ne vous crois pas !… Si vous m’aviez aimé, vous auriez trouvé un autre moyen de savoir ce qui est ou ce qui n’est pas dans le coffret byzantin !

— Ah ! que tu es cruel… Mais dis-moi au moins ce que tu vas faire… Puis-je compter sur toi ?… »

Rouletabille la repoussa brutalement et elle gémit pendant qu’il lui disait :

« Oui, oui, oui, vous pouvez compter sur moi ! Nous saurons ce qu’il y a dans le coffret byzantin et s’il n’y a rien même, s’il n’y a rien, il ne rira pas, je vous le promets ! »

Il avait pénétré sous le rideau et entr’ouvert la fenêtre ; il était prêt à s’élancer…

« Attends, lui dit-elle, attends au moins que ce gros nuage noir ait caché la lune. Tes compagnons veillent sur ta fuite là-haut ?…

— Oui, dit-il, là-haut il y a un homme qui m’attend ! Vous le connaissez, Ivana, C’est Athanase Khetew ! »

Et il saisit la corde.

Mais elle le retint de toute la force de ses bras frissonnants… Elle bégayait :

« Athanase !… Athanase est ici !… lui !… lui !… là-haut !…

— Eh bien, fit-il, cela vous étonne ! Pourquoi cela vous étonne-t-il ?… Lui aussi veut vous sauver… C’est son droit : il dit qu’il est votre fiancé !…

— Sur la tête de mon père, il n’a pas le droit de dire cela !

— C’est vrai, Ivana ? fit Rouletabille en se retournant. C’est bien vrai ?

— Je te le jure, mon amour ! »

Il était déjà sur le rebord de la fenêtre…

Il allait se jeter dans le vide.