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LE CHÂTEAU NOIR

— Mais enfin, je l’aurais bien remarquée. Où est-elle ?…

— Elle est peinte sous le coffret… Et vous comprenez bien que depuis qu’il voyage, qu’on le tourne et retourne comme une malle, comme une valise, ils l’ont vue ! Ils l’ont vue !… Et s’il en est ainsi, ah ! que Gaulow doit rire du cadeau qu’il va me faire… S’il a repris les documents dans le tiroir secret, avec quelle joie machiavélique il va me donner ce coffret vide, ce coffret pour lequel je vais me donner, moi !… »

Elle se laissa tomber tout de son long sur le divan comme si elle était à bout de tous ses efforts et de son suprême espoir… Elle était comme morte… elle était effrayante d’immobilité. Elle avait la tête dans les deux mains, et le regard atone… Et lui n’osait plus risquer une parole devant une douleur pareille, une douleur qui lui redonnait cependant de l’espoir à lui… car enfin si elle jugeait l’abominable sacrifice inutile, elle n’avait plus qu’à fuir… Mais encore il put juger qu’il ne la connaissait pas. Ce fut elle qui parla la première et pour dire d’une voix très sûre :

« Qu’importe ! il faut savoir !… »

Rouletabille était encore condamné ! Mais il avait vu d’autres condamnations que celle-là ! et il savait qu’entre la condamnation et l’exécution, il y avait toute la marge qu’une volonté, servie par un esprit subtil, pouvait y mettre. Il avait été condamné autrefois à être pendu : on lui avait mis la corde au cou et cependant il était encore bien vivant, à côté de cette Ivana qui n’existait pas pour lui alors et qui semblait ignorer aujourd’hui toutes les ressources de son audacieuse imagination.

Au milieu de cette grande vague qui les emportait, qui les roulait l’un et l’autre dans son remous dramatique, son œil fin et rusé ne cessait de fixer cette pauvre petite pente de salut qu’était la Sophie à la cataracte, sur laquelle il avait essayé une seconde d’appuyer leurs efforts défaillants et qui avait cédé tout de suite, tout de suite sous la main. Il essayait, en se débattant, de res-