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À TRAVERS L’ENFER

« Viens !… Viens avec moi, tu sais bien que tu ne peux pas te passer de moi, que tu ne peux pas ne pas penser à moi : que je suis si près… si près… »

Rouletabille accéléra sa marche au risque de trébucher. Il sentait son ennemi devenir plus fort, plus tenace, plus irrésistible ! Allait-il le jeter lui aussi sur les crochets de fer ? en faire un de la grappe infernale ? Le sang aux tempes, les artères bourdonnantes, il courut, il s’élança, il jeta ses mains à une échelle qui était dans la pierre, au haut de l’escalier, presque contre la plaque d’orifice !…

Il était temps !

Il poussa un long soupir auquel répondit un autre soupir en bas, celui de La Candeur qui, les yeux fixés sur son copain là-haut, en avait oublié son propre équilibre et qui, se maintenant d’une jambe à son croc de fer, suivait, penché, tous les mouvements de Rouletabille, les bras étendus comme pour le recevoir, s’il était arrivé un malheur !…

Désormais, Rouletabille était fort. Il dit aux autres, de là-haut :

« Je ne vous souhaite pas de passer par où je viens de passer, à moins d’être couvreur ! Et encore !… Vous monterez avec la corde !… »

En effet, il attacha la corde à l’échelon et la leur jeta.

Puis, se tenant d’une main à cet échelon, il repoussa au-dessus de sa tête la plaque qui fermait l’oubliette… il essaya de la soulever… mais elle était vraiment lourde et Rouletabille était épuisé…

Alors, La Candeur laissant là M. Priski, qui se mit à gémir, et brûlant la politesse à Athanase, La Candeur grimpa comme un orang-outang à cette corde que venait de jeter son camarade, posa un pied sur une marche de l’escalier derrière Rouletabille et, avançant un poing formidable, souleva la plaque comme une galette.

« Vas-y maintenant, petit père… As pas peur !… C’est bon pour moi de trembler, mais écoute d’abord si t’entends rien !… et zyeute partout ! »