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LE CHÂTEAU NOIR

Soudain il y eut une sorte de remue-ménage là-haut. Puis des voix, puis le silence. Puis le bruit de la plaque que l’on soulevait.

« Malheur !… souffla Rouletabille… on nous a découverts ! à moins que ce ne soit une exécution !… »

C’était une exécution !…

La plaque fut soulevée, enlevée, glissée hors du cercle de l’oubliette. Puis tout à coup, après quelques ordres brefs, en turc, un corps plongea…

« Gare à la marchandise !… » souffla Rouletabille.

Ils sentirent tous le vent de ce corps précipité en même temps qu’un cri terrible emplissait le prodigieux cylindre.

Et là-haut la plaque était replacée, retombait avec sonorité sur sa rainure de marbre. Et les pas s’éloignèrent.

Mais en bas, en bas… il y avait un drame, un drame effroyable qui se jouait dans les ténèbres… D’abord on ne comprit pas… On entendait comme une espèce de râle… une voix sourde mourante d’épouvante… qui réclamait du secours… et puis un cri de La Candeur :

« Où est Priski ?

— Allumez donc la lanterne ! cria Rouletabille à Athanase.

— Je n’ai pas d’allumettes…

— Tonnerre !… Moi j’en ai, mais je ne peux pas faire un mouvement… je ne peux pas me retourner… Comment monter, maintenant ? Comment descendre ? C’est épouvantable !… Mais qu’est-ce qu’il y a en bas ? Qu’est-ce qu’il y a ?… Qu’est-ce qu’il y a ?…

— Veux-tu me lâcher ! Veux-tu me lâcher ! hurlait La Candeur… C’est Priski qui va me faire tomber !… Là… tu n’es pas mieux comme ça ! Tiens-toi donc tranquille ! »

Et, en même temps, on entendait le râle extraordinaire de Priski et aussi un effroyable gémissement : Duchtoum ! Duchtoum !

« C’est l’homme qui tombe ! fit Athanase. L’homme dit qu’il tombe !

»