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LE CHÂTEAU NOIR

Il venait de glisser sur le sol visqueux et l’un de ses pieds avait rencontré le vide. La Candeur l’agrippa d’une main puissante.

Depuis quelque temps le souterrain s’était élargi et Rouletabille venait d’arriver au bord d’un trou, d’un petit gouffre circulaire, large environ de trois mètres de diamètre.

Ceci avait l’air d’un puits profond, évidemment plus large que ceux que les guides nous font voir lors de la visite des châteaux moyenâgeux dont les restes nous sont gardés par la piété des archéologues, mais en somme il n’y avait rien là de si affreux, ni surtout de si redoutable. Évidemment, il ne fallait point se laisser choir dans ce trou, mais telle n’était point non plus l’intention de Rouletabille. Il se mit à genoux pour mieux voir.

« Prends garde ! mon Dieu ! fais bien attention à toi ! suppliait La Candeur qui, ayant passé sa lanterne à Athanase, tenait d’une main Priski sur son dos et retenait de l’autre Rouletabille, qu’il n’aurait point lâché pour un empire.

— C’est un trou, quoi !… dit Rouletabille. Priski nous a « monté un bateau »… N’est-ce pas, Priski ?…

— Il ne répond plus ! fit La Candeur, il ne remue plus. Il est peut-être mort !… »

Penché au-dessus de l’oubliette, sa lanterne à la main, Rouletabille s’inclina autant qu’il put.

« Évidemment ! on n’en voit pas le fond, dit-il… et c’est très frais là-dedans… Possible qu’il y ait là une nappe d’eau souterraine qui communique avec le torrent. Mais c’est pas tout ça !… Je vois bien par où l’on descend, je ne vois pas par où l’on monte. »

Alors il leva la tête, et regarda au-dessus de lui…

Aussitôt il lâcha la lanterne, qui tomba avec fracas dans l’oubliette, faisant lugubrement retentir les parois de son bruit de ferraille et de vitres brisées, cependant que le reporter se rejetait en arrière avec un grand cri.