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LES OUBLIETTES DU CHÂTEAU NOIR

— J’ai peur ! j’aime mieux aller avec toi ! Vladimir restera pour la mèche ; moi, je tremblerais trop ; je ne pourrais pas l’allumer…

— Je t’ordonne de rester ici !… »

Mais il ne voulut pas en démordre. C’était la première fois qu’il désobéissait à Rouletabille. Rouletabille l’embrassa :

« Viens donc ! dit-il, tu es un brave garçon !…

— Brave ! moi… Ah ! si on peut dire… »

Il fut entendu que Vladimir resterait dans la salle des gardes avec Tondor qui continuait à ne rien comprendre à ce qui se passait et avec Modeste qui dormait entre les mules. À la moindre alerte, Vladimir devait faire parler la dynamite.

Priski descendit le premier, puis Rouletabille, puis La Candeur qui se disputa même à cette occasion avec Athanase, puis Athanase.

Deux minutes plus tard, Vladimir, qui était resté aux écoutes au-dessus du trou, n’entendait plus rien et ne percevait aucune lueur. Il s’en fut au petit « judas » de la poterne et là observa le dehors. Mais tout le château, si bruyant tout à l’heure, semblait plongé dans le plus profond sommeil.

Pendant ce temps les autres continuaient leur route souterraine.

Une cinquantaine d’échelons leur avaient permis d’atteindre le niveau d’une galerie haute de deux mètres et large d’un mètre cinquante environ. Le sol en était humide et visqueux. Des gouttes d’eau tombaient de la voûte.

« C’est l’eau de l’égout de la bâille qui est crevé, expliqua Priski. Vous comprenez, on ne fait plus de réparations. »

Ils marchèrent cinq minutes environ puis descendirent encore une trentaine de marches. Ils aperçurent alors, sur leur gauche, des portes massives garnies de gros clous, de barres de fer et d’énormes serrures.