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LES OUBLIETTES DU CHÂTEAU NOIR

— Et pourrait-on savoir enfin, demanda Athanase, quel est cet endroit si terrible et comment il est fait ?

— Monsieur, répondit Priski en arrêtant son insupportable balancement et en donnant beaucoup de solennité à sa voix, on désigne, en langue pomak, ce lieu maudit d’une appellation assez bizarre : comme on dirait en français : « je ne rends rien et je retiens tout ! »

— Priski, conduisez-nous à ce lieu maudit ! commanda Rouletabille.

— Tout de suite, mon bon jeune homme, obtempéra Priski, mais si vous avez une bonne amie vous pourrez me laisser un mot pour elle !…

— Trêve de plaisanteries, monsieur Priski, voici minuit qui sonne ! c’est l’heure !

— Oui, oui !… Minuit… l’heure des crimes !… Vous êtes bien pressé, suivez-moi !… »

La Candeur éprouva aussitôt le besoin de se jeter dans les bras de Rouletabille, mais celui-ci le repoussa assez brutalement. Le bon La Candeur, très égoïste, larmoyait :

« Tu veux donc ma mort, Rouletabille ? Tu sais bien que je ne te laisserai jamais aller tout seul dans un souterrain pareil !… J’aurais trop peur de rester ici sans toi… Alors, c’est décidé, tu y vas !… Tu n’as pas pitié de moi !… Allons-y, Vladimir ! Puisqu’il est enragé !… Quel métier, mon Dieu !… »

Ils descendirent tous dans la salle des gardes, où les conduisit Priski. Là, celui-ci leur montra une dalle circulaire et son anneau de fer.

« Ah ! mon Dieu, gémit La Candeur, voilà la porte du tombeau !… »

Priski demanda à Tondor un piquet de fer qu’il passa dans l’anneau, mais la pierre était lourde et ne cédait pas à ses efforts.

« Aide-le donc ! » fit Rouletabille à La Candeur.

Celui-ci, qui avait des larmes plein les yeux, se baissa