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LES OUBLIETTES DU CHÂTEAU NOIR

— Et quel est cet endroit où vous vous êtes évanoui ?

— Monsieur, c’est un étroit couloir en hauteur qu’il faut traverser et remonter pour revenir à la lumière du jour. Si on parvient à faire cela, on se trouve alors dans le « quartier des esclaves » d’où il est relativement facile, en se suspendant aux « corbeaux » de la troisième tour de l’Ouest, d’atteindre la poivrière, et vous vous trouverez là justement au-dessus de la chambre que monsieur désignait tout à l’heure comme étant celle d’Ivana Hanoum.

— Eh bien ! mais voilà le chemin qu’il nous faut ! fit Rouletabille.

— Vous dites cela, monsieur, parce que vous ne savez pas de quoi il est question, assurément… et je reste persuadé que vous ferez comme il signor Marinetti, un client, monsieur, qui n’avait pas froid aux yeux. Quand il fut parvenu à ce point-là, il retourna carrément sur ses pas, sans fausse honte, revint me trouver dans cette chambre où il m’avait préalablement enfermé, ficelé comme une andouille, et menacé de mort si je ne lui procurais pas le moyen de s’évader… Eh bien, il me délia, me pria de ne rien dire de son escapade à quiconque, m’envoya lui confectionner un plat d’excellents raviolis à la napolitaine et se tint fort tranquille jusqu’au jour où, grâce à la générosité d’une vieille tante, il put « payer sa note », et s’en aller.

— Rouletabille ! osa faire entendre la Candeur, Rouletabille ! réfléchis bien à ce que dit monsieur… monsieur n’a aucun intérêt à te tromper… et ce qu’il nous raconte est assez impressionnant…

— Ce signor Marinetti était une mazette… prononça le reporter.

— Monsieur, continua Priski en se balançant d’une façon de plus en plus énervante sur sa chaise, je vous ai gardé le plus beau pour la fin… Vous avez peut-être entendu parler de lord Radlan ?…

— Qui est-ce qui n’a pas entendu parler de lord Rad-