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LE CHÂTEAU NOIR

suivre avec quelque chance ce chemin, mais il n’est praticable qu’au retour. Oui, on peut, par là, revenir au donjon, on ne peut pas en sortir.

— Et pourquoi ?

— Parce que, pour isoler tout à fait le donjon, il a été fait des coupures entre ces courtines et la chemise du donjon. Les deux courtines qui aboutissent à cette chemise par l’Est et par l’Ouest en restent donc séparées de quelques mètres par un espace béant au-dessus duquel on peut cependant jeter des petits « ponts volants ». Ces petits ponts volants existent… soutenus par des chaînes, mais attachés à la courtine même et non à la chemise du donjon, de telle sorte que, du sommet de la chemise, vous ne pouvez les manœuvrer, tandis que la chose vous est possible si vous êtes sur la courtine, c’est-à-dire dans le château et hors du donjon. Je dois dire que cette disposition est nouvelle et a été imaginée pour le cas où des personnes de marque comme vous, messieurs, auraient quelque velléité d’aller, de nuit, se promener sur les toits.

— Et qu’est-ce que le troisième chemin ?

— Le troisième chemin est celui des caves, ou souterrains, que je connais particulièrement pour l’avoir fréquenté moi-même, d’abord une première fois par simple curiosité. Je puis vous en parler en toute connaissance de cause, et je ne saurais trop vous dissuader d’en user. Toutefois, je dois dire que c’est le seul qui vous reste.

— Il est donc bien terrible ce chemin ? demanda Rouletabille.

— Terrible, c’est peu dire, monsieur !…

— Que vous y est-il donc arrivé de si affreux ?…

— Il m’est arrivé que je m’y suis évanoui d’épouvante et que j’aimerais mieux mourir de votre main que de recommencer un pareil voyage. Toutefois, si vous y tenez absolument, je vous accompagnerai jusqu’à un carrefour tout proche de l’endroit où je me suis évanoui, mais je n’irai certes pas plus loin…