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LES OUBLIETTES DU CHÂTEAU NOIR

nous adressons à vous, vous qui connaissez tous les arcanes de ce château du diable ! »

Priski sembla réfléchir profondément, regarda ses prisonniers (dont il était le prisonnier), parut se demander encore à quel genre de fous il avait affaire et pour quelle entreprise dangereuse ces jeunes gens étaient venus se faire prendre au pays de Gaulow, et puis tout à coup il prit son parti, s’assit, pria Rouletabille de rentrer son revolver dans sa poche et déclara qu’il était à la disposition de ces messieurs.

Il les avait suffisamment avertis d’avoir à se tenir tranquilles, et bien entendu, ils n’auraient à s’en prendre à personne des catastrophes qui ne manqueraient point de survenir.

« Interrogez-moi, messieurs, je ferai ce que vous voudrez !

— Monsieur Priski, combien y a-t-il de chemins pour se rendre du donjon à la troisième tour de l’Ouest ? demanda Rouletabille.

— Trois, répondit le majordome, en se croisant les jambes et en renversant le torse d’un petit air assez insolent. Trois… pas un de plus… pas un de moins… Il y a le chemin de tout le monde que je vous signalais tout à l’heure, et qui vous est impraticable puisque, dès la première bâille, vous vous heurteriez à une bonne partie de la garnison…

— Ensuite ?…

— Ensuite il y a les courtines… Vous savez, messieurs, ce que sont les courtines, ces petits chemins aériens, au-dessus des murailles, qui réunissent entre elles les différentes fortifications. Par ces courtines, on peut se glisser dans toutes les parties du château fort en s’aidant des gouttières. En somme, c’est le « chemin des toits ». La nuit, il serait assez praticable, quand il ne fait pas clair de lune, si l’on n’était dans la nécessité de passer devant un veilleur qui, sur une terrasse, a justement la consigne de la surveiller ! Quoi qu’il en soit, vous pourriez